Diacre

La spiritualité montfortaine,
un dynamisme missionnaire à l’attention des pauvres

Yves Dupas, Diacre

Diacre du diocèse de Nantes, Yves Dupas est marié à Marie-Madeleine depuis quarante-huit ans. Le handicap physique qu'il vit depuis un accident du travail en 1986 renforce sa proximité avec son épouse pour l'exercice de services liés à sa mission diaconale. Ensemble, ils suivent la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

Yves Dupas.
diacre de la famille du père de Montfort

J'ai rejoint le pèlerinage montfortain et découvert la spiritualité montfortaine en 1969. En participant régulièrement au pèlerinage montfortain, j'ai découvert le message du père de Montfort et son choix d'une vie missionnaire: « Le père de Montfort a voulu suivre le Christ dans l'annonce de l'Évangile aux pauvres, en allant vers toutes les périphéries, au service des malades et des exclus, comme un vrai témoin de la foi et de la charité, en donnant sa vie pour la gloire de Dieu et le salut du monde. »
En 1983, deux pères montfortains m'ont interpellé pour réfléchir sur l'engagement dans le diaconat permanent. J'ai été appelé à m'engager dans ce ministère dans le diocèse de Nantes en 1989 et ordonné diacre le 25 novembre 1995.
J’étais agent EDF. Suite à un accident du travail en 1986, j'ai été amputé du bras gauche et mis en invalidité. Mon accident m'a beaucoup marqué. J’ai passé deux mois à l'hôpital dans le service des grands brûlés de Nantes. Avec mon épouse, nous avons vécu cette épreuve dans la foi en nous confiant à Jésus par l'intermédiaire de Marie, sa mère. À l'hôpital, notre lien d'amour était le corps du Christ reçu trois fois par semaine. Jésus et sa mère ont été nos compagnons de route pendant ces moments difficiles de notre vie.

« La prière et la spiritualité montfortaine ont été les terreaux sur lesquels ma vocation diaconale a germé »
La prière et la spiritualité montfortaine ont été les terreaux sur lesquels ma vocation diaconale a germé. La devise du père de Montfort fait partie des grands axes de ma mission diaconale: prier, évangéliser et donner la priorité aux exclus.
Tout d'abord la prière: je fais mienne la devise du père de Montfort «À Jésus par Marie. » Marie est le trait d'union entre Jésus et nous, d'où l'importance de me tourner vers elle en méditant chaque jour les mystères du Rosaire et de terminer ma prière en renouvelant la consécration à Jésus par Marie. Chaque jour, je me nourris de la Parole de Dieu en participant à la messe et en recevant le corps du Christ pour être porteur de la bonne nouvelle tout au long de ma journée. À la suite du père de Montfort,  qui a transmis l'Évangile dans les nombreuses missions prêchées dans l'Ouest de la France, je me mets au service de l'annonce de la Bonne Nouvelle en disciple missionnaire. Je crois à la parole que je proclame et essaie de la mettre en pratique, en actes et en vérité.

« Ma situation d’handicapé me fait proche des personnes en souffrance »
D'autre part, le père de Montfort était à l'écoute des exclus. Deux points m'ont marqué dans sa vie: à l'hôpital de Poitiers, auprès des plus pauvres, et à Dinan quand, prenant dans ses bras un SDF, il est allé frapper à la porte d'une communauté religieuse en disant: « Ouvrez la porte à Jésus-Christ. » Ma situation d'handicapé me fait proche des personnes en souffrance. Combien de fois j'al entendu ces mots: « TOI, tu peux comprendre ... » Dans la mission que m'a

confiée l'évêque, j'essaie d'être solidaire au sein de la paroisse, par l'écoute des malades, par le port de la communion, par l'accompagnement des personnes en fin de Vie, des personnes en difficultés physiques ou morales et des exclus. Cette mission me tient à cœur. Je rends grâce à Dieu, tous les jours, pour cette belle mission.
Comme le père de Montfort, notre pape François nous demande d'aller vers les périphéries pour être porteurs de la Bonne Nouvelle, en actes et en vérité, dans la société d'aujourd'hui. C'est pourquoi Je suis bénévole dans des associations non confessionnelles de Treillières, ma commune : au sein de la maison relais de l'association Trajet (un centre d'hébergement et de réinsertion sociale), à l'accueil de l' étranger dans l'association Treillières Solidaires pour l' accueil des Roms, et au Centre communal d'action sociale, en tant que représentant d'associations de solidarités.
Je participe tous les ans au pèlerinage montfortain à Lourdes au mois d'avril et, depuis deux ans, comme aumônier du centre de Nantes. Cette responsabilité m'a été confiée par le père provincial de France de la Compagnie de Marie, en accord avec mon évêque, le père Jean-Paul James. Au cours de ce pèlerinage, nous retrouvons une dizaine de diacres et leur épouse, de différents diocèses, tous membres de la spiritualité montfortaine. L'équipe que nous formons se rencontre aussi à Saint-Laurent-sur-Sèvre, au cours d'une récollection annuelle de deux jours, animée par le père provincial ou son représentant, pour approfondir la spiritualité montfortaine. Nous sommes aussi invités à participer, chaque année, à la retraite des missionnaires de Marie, un moment important pour vivre notre foi à la lumière de la vie du père de Montfort et de ses écrits.

Bientôt un statut pour les diacres au sein de la famille montfortaine ?
Actuellement, nous préparons une charte de fraternité diaconale de spiritualité montfortaine pour permettre aux diacres d'adhérer à un statut au sein de la famille montfortaine.
Le diacre permanent est inséré dans son diocèse au service de son évêque qui l'envoie en mission. Le diacre « montfortain » suit la voie spirituelle du père de Montfort, en vivant une réelle fraternité dans le dynamisme de son baptême et de son ordination diaconale. Les membres de la fraternité, diacres et épouses qui le désirent, ont la possibilité de demander la consécration à Jésus par la main de Marie et de s'engager à la pratique parfaite de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, enseignée par saint Louis Marie de Montfort, qu'ils prennent pour guide et maître spirituel.
Les membres de la fraternité diaconale ne sont pas au service de la Compagnie de Marie mais, avec les missionnaires montfortains, au service de la Sainte Église, dans leur diocèse, au service du peuple de Dieu, au service du règne de Jésus par Marie.
Avec Marie-Madeleine, mon épouse, nous adhérons déjà aujourd'hui à cette démarche de spiritualité au quotidien et dans la mission diaconale qui m'a été confiée ...

diaconat aujourd'hui n° 182-183