ŒUVRES COMPLETES
DE SAINT LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONTFORT

INTRODUCTION GÉNÉRALE

LA PRÉSENTE ÉDITION A ÉTÉ RÉALISÉE SOUS LA DIRECTION DU PERE MARCEL GENDROT, AVEC LA COLLABORATION ET SOUS LA RESPONSABILITÉ DES PERES GAETANO BARBERA, PIERRE EYCKELER, BASILIO FERRAGAMO, HENRI FREHEN, BERNARD GUITTENY, JEAN HÉMERY, DANIEL MARTINEZ, JEAN-CLAUDE PARÉ, MATHIEU QUÉMÉNEUR, MONTFORTAINS, AVEC LE CONCOURS D'AUTRES PERES ET DE SÉMINARISTES MONTFORTAINS, DE FILLES DE LA SAGESSE ET DE FRERES DE SAINT-GABRIEL.

NIHIL OBSTAT: PARIS, 2 FÉVRIER 1966 CAMILLE BREVET, S.M.M., SUP. PROV.
IMPRIMI POTEST : ROME, 2 FÉVRIER 1966 C.M. HEILIGERS, S.M.M., SUP. GÉNÉRAL
IMPRIMATUR : PARIS, 16 MARS 1966 - J. HOTTOT, V. G.
~ ÉDITIONS DU SEUIL, 1966

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Né le 31 janvier 1673 à Montfort-La-Cane en Bretagne, Louis-Marie Grignion passa la plus grande partie de son enfance non loin de là, à lffendic. En 1685 il commença ses classes d'humanités au collège Saint-Thomas de Rennes tenu par les jésuites.
Se sentant appelé au sacerdoce il prit la direction de Paris, l'automne 1693. Sur la recommandation de Mlle de Montigny, il fut reçu dans la communauté de Claude Bottu de la Barmondière, oú l'on honorait " la vie pauvre de Jésus pour se disposer aux fonctions de son divin sacerdoce sous la protection de la très Sainte Vierge, de Saint Joseph, des Saints Apôtres et des hommes apostoliques ". Un an plus tard il fut admis au collège de Montaigu dans la communauté de M. Boucher. Et, au cours de 1695, il entra au petit Séminaire de Saint-Supplice. Depuis le début de son séjour à Paris il suivit les cours de la Sorbonne. Mais après quelques mois de maladie, " il ne voulut pas continuer d'aller en Sorbonne prendre comme les autres des traités de théologie, il se contenta de ceux qu'un Docteur donnait à la maison " (GRANDET, p. 13-14).
Cette situation laissa au séminariste un temps plus substantiel pour ses lectures personnelles. Celles-ci furent en outre favorisées par la fonction de bibliothécaire dont il fut chargé. La Mazarine conserve de la bibliothèque du séminaire le catalogue commencé par l'abbé Grignion dont l'écriture se reconnaît fréquemment, surtout dans les deux premiers des cinq tomes qui composent l'ensemble. Louis-Marie ne s'est pas contenté d'enregistrer des titres. II a été un grand lecteur. Blain, son ami, va jusqu'à dire que " presque tous les livres qui traitent de la vie spirituelle passèrent entre ses mains " (BLAIN, arto 17, p. 45). II a pris des notes comme en porte témoignage un manuscrit intitulé Cahier de notes, qui suivra le missionnaire dans ses différentes pérégrinations.
Aussi cette période de formation fournit grand nombre d'éléments qui seront aux origines des écrits spirituels de Grignion de Montfort. A ces notes s'ajoute, surtout après son ordination sacerdotale du 5 juin 1700, une expérience apostolique particulièrement mouvementée.

Il désirait les missions à l'étranger. II avait d'abord pensé au Canada. Son directeur, M. Leschassier, l'en détourna et l'orienta vers la communauté de M. Lévêque à Nantes. Le manque de dynamisme de celle-ci réduisit á une pénible inaction le jeune prêtre qui ne cacha pas sa déception à son directeur. Cependant, à partir de l'été 1701, il eut la possibilité de faire, dans le diocèse, une série de missions dont la plus marquante fut celle de Grandchamps.
Mais dès le printemps précédent le missionnaire avait rencontré à Fontevrault Mme de Montespan, par l'intermédiaire de laquelle il s'était mis en rapport avec Mgr Girard, évêque de Poitiers. C'est grâce à ces contacts qu'il entra, comme aumônier, à l'Hôpital Général de cette ville. C'était en fin de novembre 1701. Il tenta de réorganiser ce qu'il caractérisait de maison de désordre, de pauvre Babylone. Bien accueilli au début, rapidement il se heurta aux coteries et aux contradictions qui l'obligèrent à quitter les lieux.
C'est au cours de ces mois, où il put exercer son ministère auprès des pauvres, qu'il rencontra Marie-Louise Trichet, qui deviendra la première Fille de la Sagesse. Il l'introduisit dans l'hôpital et, le 2 février 1703, il lui fit troquer son costume de fille de procureur au présidial contre l'habit gris des servantes et des femmes de la campagne.
A la Salpêtrière de Paris, Montfort trouva encore à s'exercer auprès des malades et des pauvres. A la fin de 1703 il prit par à la réforme des ermites du Mont-Valérien. Puis, un jour, les pauvres de Poitiers rédigèrent une supplique qui obtint le retour parmi eux de leur aumônier. Ce ne fut qu'un sursis. Montfort dut de nouveau sortir de l'hôpital.
Il écrivit à M. Leschassier en 1702 : " L' espérance que je pourrais avoir de m'étendre avec le temps dans la ville et la campagne, pour profiter à plusieurs, peut seule me donner quelques inclinations d'alter à l'hôpital. " Son voeu se réalisa, mais seulement après sa sortie de l'hôpital. Il fit mission dans plusieurs paroisses du centre et des faubourgs de Poitiers.
Mis dans l'obligation de quitter la ville, il alla en pèlerinage à Rome. Il lui fallait résoudre au cours de cette retraite itinérante le problème de la forme d'activité missionnaire qui serait la sienne, puisque les contradictions auxquelles se heurtait son action en France le déterminaient à le poser. Reçu en audience le 6 juin 1706 par Clément XI, il s'offrit à travailler aux missions d'Orient. Le pape demanda au missionnaire de rester en France et approuva le but qu'il y avait déjà poursuivi et la méthode qu'il y avait pratiquée : le renouvellement de l'esprit du christianisme par le renouvellement des promesses du baptême. Louis-Marie revint en son pays muni du titre de missionnaire apostolique que lui avait conféré le Souverain Pontife.
Désormais la trame de la vie de Montfort pourra se révéler par le tracé de ses nombreux voyages et étapes à travers les diocèses de Saint-Brieuc, de Saint-Malo, de Nantes, de Luçon et de la Rochelle, sans omettre les longs parcours qui le menèrent à Saint-Lô, Rouen, Paris...

Au retour de Rome, le missionnaire repassa à Poitiers. Par Saumur, où il rencontra Jeanne de La Noue, il se dirigea vers le Mont-Saint-Michel pour célébrer la fête de l'archange le 29 septembre 1706. Il s'approchait ainsi de la Bretagne où l'attirait une personnalité dont il avait entendu parler par M. Bellier, un prêtre de Rennes qui, lorsqu'il y était étudiant, l'avait initié au soin des pauvres et l'avait entretenu des missions bretonnes. C'est effectivement grâce à ce M. Bellier que Montfort entra dans l'équipe de M. Leuduger, l'écolâtre de Saint-Brieuc. Ils travaillèrent jusqu'en aoút 1707. Un malencontreux incident provoqua leur séparation dont la cause profonde semble être une conception différente du style de vie apostolique.
Louis-Marie s'installa dans un prieuré sis au milieu des bois de Montfort-La-Cane. De cet ermitage de Saint-Lazare, il rayonna, mêlant retraite personnelle et ministère dans les paroisses environnantes.
Au milieu de 1708 il regagna le pays nantais où les missions vont se suivre à une cadence rapide. C'est au cours de cette période qu'eut lieu ce qu'on pourrait nommer l'affaire du Calvaire. Depuis son passage au Mont-Valérien près de Paris, Montfort avait en tête l'idée d'ériger un calvaire monumental qui serait un mémorial du Golgotha et un centre d'attirance spirituelle. Il avait tenté de la réaliser en son pays natal. Il réussit à faire construire à Pontchâteau une colline artificielle surmontée des trois croix. Le soir du 13 septembre 1710, veille de la solennelle bénédiction, l'ordre arriva de surseoir a la cérémonie. Bientôt après, la colline fut rasée. Et pour rendre la mesure pleine l'évêque de Nantes interdit tout ministère au missionnaire à qui il ne restait qu'à se retirer chez les jésuites pour y faire retraite.
Montfort ne resta pas inactif. Il eut à Nantes la possibilité de créer et d'encourager des oeuvres en faveur des pauvres, de se dévouer pendant les inondations de la Loire... Il faut signaler aussi, à cette époque, son entrée dans le Tiers-Ordre dominicain.
Ces épreuves en pays nantais ne détournèrent pas le Père de Montfort de l'activité missionnaire. Il fut accueilli par Messeigneurs de Lescure et de Champtlour dans leurs diocèses respectifs de Luçon et de La Rochelle. Grand nombre de paroisses entendirent sa prédication.
C'est la Période où, semble-t-il, se manifestent dans toutes leurs dimensions sa conception et sa pédagogie missionnaires, et des éléments y prennent un relief nouveau. Ainsi il a pris conscience de l'importance des petites écoles comme moyen d'évangélisation, et, dans cet esprit, il fait venir à La Rochelle Marie-Louise Trichet et Catherine Brunet, les deux premières Filles de la Sagesse, jusque-là consacrées aux soins des pauvres dans les hópitaux.
C'est également la période où, plus que jamais, il se préoccupe de former une communauté de prêtres missionnaires qui continuent, dans son esprit, son action apostolique. Il multiplie les démarches : à Paris, auprès des successeurs de Poullart des Places, lequel avait promis en 1703 de lui former des sujets ; à Rouen, où il tente d' engager le Chanoine Blain, un ami de collège et de séminaire. Deux prêtres, compagnons de missions, s'adjoignent à lui. Avec les Frères, qui travaillent déjà avec lui, dans les missions ou dans les écoles charitables, ils formeront le premier noyau de sa compagnie de missionnaires.
De ces préoccupations et de ces efforts sortiront des Règles qui seront le fondement de ses familles spirituelles...
Lui-même poursuivra jusqu'au bout sa tâche de prédicateur. Car c'est en cours de mission, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, qu'il rendra son âme à Dieu le 28 avril I7I6, à l'âge de quarante-trois ans.
Tel est le cadre biographique dans lequel s'insèrent les écrits spirituels de Montfort. Très vite, on s'aperçoit que ce cadre est essentiellement celui d'une intense activité apostolique accomplie par un homme dont la vocation missionnaire n'a fait problème que dans les modalités de son exercice. Cette vocation s'est affirmée de plus en plus à travers les affrontements et les événements ; elle a évolué vers son expression propre a travers la dialectique des situations dans lesquelles le prêtre s'est trouvé.
Précisément, pour mieux saisir le sens des écrits du missionnaire, il eût été bon de tracer son itinéraire spirituel. Car, s'il s'avère impossible dans l'état actuel des documents de fixer à chaque ouvre une date précise et certaine, une appréciation approximative autorise à affirmer, sans crainte d'erreur, que la série des opuscules s'échelonne tout au long de la vie missionnaire du Père de Montfort.

Les premiers biographes ont adopté le genre hagiographique de leur temps. Cependant nombre de témoignages, recueillis par Grandet, permettent de poser des jalons à cet itinéraire. Et puis il y a Blain, qui a connu le plus intimement Louis-Marie. Ce chanoine a fait l'amère expérience d'avoir douté du bon esprit qui conduisait son ami. Si la volonté de le réhabiliter à ses propres yeux et à ceux de ses lecteurs éventuels le pousse à forcer parfois l'exaltation des vertus, le doute l'a aussi obligé à pénétrer plus à fond l'intérieur de son ami. En ce sens le texte laissé par Blain, et malheureusement demeuré inédit, est un témoignage unique pour situer l'originalité de la pensée et du comportement de Montfort. Une page de cette Relation rapporte le dialogue que le chanoine eut avec le missionnaire lors de leur rencontre en 1714. C'est la mise en parallèle de deux sagesses : celle des personnes à vie bien réglée, celle des hommes apostoliques qui ont toujours quelque chose de nouveau à entreprendre ou " quelques oeuvres saintes à établir " (BLAIN, art. 80, p. 233). C'est par cette dernière sagesse que Montfort a justifié sa conduite et dévoilé son âme à celui à qui il fut, pendant quelque temps, un mystère.

Poser le problème de l'originalité de Montfort conduit à rechercher sa place dans les courants spirituels issus du XVIIe, voire du XVIe siècles. Cette place a varié depuis Bremond, qui en fait le dernier des grands bérulliens, jusqu'à la récente Histoire de la Spiritualité en France qui le présente comme un bel exemple de la vitalité de la dévotion mariale qui existe encore au début du XVIIIe siècle.
Une étude sommaire des sources où l'écrivain spirituel a puisé, des contacts littéraires qu'il a eus nombreux avec différents auteurs suffit à révéler son éclectisme. Les jésuites de toutes tendances, ceux que Flachaire a classés dans la catégorie des salésiens (Poiré, Barry, Binet...), d'autres comme Surin et les disciples de Lallemant, d'autres encore comme Saint-Jure, Crasset plus autonomes, des dominicains comme Alain de La Roche, Suso le Rhéno-Flamand, etc., des franciscains comme saint Bonaventure ou le pseudo-Bonaventure, et puis Bérulle, de Bourgoing, Jean Eudes avec le milieu normand (Louvigny de Bernières, Renty, Boudon surtout) , les sulpiciens, Olier et Tronson au premier chef, d'autres auteurs de petite ou grande envergure, Port-Royal même avec Le Maistre de Sacy, tous lui ont fourni les uns des textes qu'il a acceptés à peu près tels quels, les autres des éléments, des pierres d'attente que sa réflexion s'est empressée de saisir. Tantôt il se contente d'une inspiration, tantôt il paraît d'un littéralisme déconcertant. C'est que dans la liberté qu'il se donnait d'entreprendre quelque chose de nouveau il voulait s'appuyer sur des valeurs anciennes.
Le Père de Montfort se classe difficilement dans des catégories trop rapidement définies. Qu'il emprunte à une école de spiritualité ou à une autre d'orientation différente, il est porté par un dynamisme intérieur qui lui est personnel et qui détermine son originalité. Peut-être a-t-il voulu livrer le principe de sa manière de grâce dans la première page du premier de ses écrits les plus importants : Je vous (la Sagesse) cherche de tous côtés en tournant sans méthode. Si je tâche de vous faire connaître en ce monde, c'est parce que vous-même avez promis que tous ceux qui vous éclaireraient et découvriraient auraient la vie éternelle (ASE 2). Ainsi il avoue n'avoir en guise de méthodologie spirituelle que celle du zèle de la révélation du Mystère de la Sagesse de Dieu. Il est certaint, qu'il écrive ou qu'il parte! que Grignion de Montfort évangélise.
Il portait toujours sur lui la Bible qu'utilisait probablement dans la traduction de Le Maistre de Sacy. Un coup d'oeil sur la table des citations bibliques suggère déjà la densité scripturaire de ses écrits. Les références explicites sont nombreuses, plus drues encore les réminiscences et les citations implicites. C'est souvent, par méthode de rapprochement, une concentration impressionnante de textes.
Son interprétation est la plus communément répandue en son temps, celle de Bossuet et des spirituels, et en particulier celle de ses maîtres de Saint-Sulpice. On constate l'intérêt porté au sens figuratif et l'ample utilisation qui en est faite.
Cette interprétation figurative se rapproche de celle que l'Église applique dans la liturgie. Il arrive d'ailleurs fréquemment que le missionnaire lit et cite la Bible à travers son bréviaire ou le Missel. Ceci peut expliquer certaines coupures ou modifications apportées au texte scripturaire.
Bible et liturgie, auteurs spirituels de multiples horizons semblent s'entremêler au hasard pour former la trame de la pensée montfortaine. Mais après une fréquentation des écrits du missionnaire on se rend compte que cette pensée s'articule selon un schématisme qu'il est aisé de détecter. D'un côté une méditation, une considération, de l'autre l'application pratique. Dans certains ouvrages, à ce schéma initial se surajoute un autre : d'abord un exposé partant de textes bibliques ou liturgiques, puis une confirmation ou une illustration par des emprunts ou allusions aux auteurs spirituels. Cependant de ces schémas qui lui servent à guider sa démarche d'écrivain ou de prédicateur pratique il ne fait pas des stéréotypes. Bien des fois sa pensée se développe sans contrainte apparente, mais, pour employer sa propre expression, selon l'abondance divine que la Sagesse lui communique.Mesurer l'influence posthume du Père de Montfort est chose délicate et, en définitive, ne peut aboutir qu'à des hypothèses.
En dehors d'une partie des Cantiques, de la Lettre aux amis de la croix, aucun des écrits de Montfort n'a été publié de son vivant. Au cours du XVIIIe siècle, des fragments ont été insérés dans les biographies : les Règles ont été reprises ou refondues aux époques de révision et d'adaptation. Ce n'est qu'à partir de 1842, date de la découverte du Traité de la vraie dévotion, qu'on pense à publier progressivement les principales oeuvres. C'est évidemment le Traité qui a connu la plus grande vogue. Les autres ont suivi, mais comme dans son ombre. A un point tel qu'une certaine histoire est arrivée à identifier la mission providentielle du Père de Montfort avec la prédication de la dévotion mariale, voire de la forme de dévotion, pourtant assez répandue au XVlle siècle, de l'esclavage marial.
Il est certain que le Traité a joué un rôle considérable dans la pensée chrétienne du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Il a joui d'un contexte psychologique favorable; il a été l'objet de traductions nombreuses et d' éditions soignées, généralement assez fidèles au manuscrit. Tandis qu'un ouvrage comme L'Amour de la Sagesse Éternelle a été tronqué, et présenté avec des remaniements divers... Il faut attendre 1929 avant de voir paraître, de ce dernier livre, un texte convenable.
Ceci explique que le grand public n'a connu la pensée montfortaine que de manière partielle, fragmentaire, exclusive parfois. Jamais encore les écrits de Montjort n'ont fait l'objet d'un regroupement si complet.
Le 250e anniversaire de la mort du saint a été l'occasion de réaliser ce travail.
Le texte ici publié a été établi à partir des manuscrits, minutieusement examinés. Peut-être quelques fautes auront encore échappé, mais, sans présomption, on peut affirmer qu'en ce qui concerne la fidélité littérale, des progrès très sensibles ont été faits par rapport aux anciennes éditions, même les meilleures. Lorsque le manuscrit n'existe pas, le texte qui a servi de fondement a fait l'objet d'études soigneuses. En cas de défaillance dans le texte de base… mot oublié, terme abrégé, faute de distraction manifeste, etc., on s'est efforcé d'y remédier par une correction entre crochets. De même, pour faciliter la lecture et les références, des numérotations - en général inexistantes dans les manuscrits - ont été introduites, mais toujours entre crochets. D'ailleurs les introductions et les notes qui accompagnent chaque ouvrage donnent la possibilité à chaque lecteur de se rendre compte par lui-même des difficultés qui ont dû être surmontées.
Des oeuvres jusqu'ici inédites ont été insérées dans cette édition. Certains de ces opuscules ont une importance appréciable, soit parce qu'ils complètent la pensée montfortaine, soit parce qu'ils permettent d'accuser plus nettement les lignes de crête de celle-ci.
Des textes manuscrits, pourtant de la main du Père de Montfort, ont été laissés de côté. Il s'agit surtout de notes impersonnelles, copiées chez d'autres auteurs, des notes qui n'ont subi aucune élaboration. Sans doute sont-elles d'un grand prix pour ceux qui étudient la genèse des différents ouvrages à partir des premiers linéaments. Mais ces manuscrits sont toujours à la disposition des chercheurs. Le Cahier de notes à d'ailleurs été publié pro manuscripto par les soins du Père Eyckeler. Quant au Livre des Sermons, on trouvera dans cette édition des extraits choisis dans les pages les plus typiques.
Ainsi, pour la première fois, les oeuvres du Père de Montfort sont publiées dans leur totalité. Sans doute des allusions laissent entendre que des textes auraient disparu. La chose est certaine en ce qui concerne un exposé sur l'Union à Jésus que Montfort avait rédigé avant son ordination sacerdotale sur le conseil de son directeur. Pour le reste, il faut poser le point d'interrogation, sans apporter pour le moment de réponse.
Ce regroupement de tous les écrits de Montfort favorisera une vue synthétique de sa spiritualité. Il permettra plus facilement de situer chaque oeuvre particulière dans la perspective qui se dégage de l'ensemble, de lui donner au contact de ce tout, sa valeur propre et ses dimensions intégrales.
Certains écrits du Père de Montfort sont déjà inscrits dans l'histoire de la spiritualité. Puisse cette édition rendre possible l'insertion de tous les autres dans cette même histoire toujours vivante et n'y pas rester lettre morte.

ŒUVRES DE SAINT LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONTFORT
(avec leurs abréviations)

L
ASE
LAC
SAR
MR
SM
VD
PE
RM
ACM
CS
RS
M
LM
RV
RP
RSP

CA
T
PC
PS
C
CN
RPV
MVR
S
DBM

à partir de 1693
vers 1700
1714
date inconnue

1712
1712
1713
1713
1713
1702
1702-1703
1710-1715
1706
1701-1715
1701-1715
1715

1709
1716


commencé dès le séminaire
commencé dès le séminaire


commencé dès le séminaire

Lettres.
L’Amour de la Sagesse éternelle.
Lettre circulaire aux Amis de la Croix.
Le Secret admirable du très saint Rosaire pour se convertir et se sauver.
Méthodes pour réciter le Rosaire.
Le Secret de Marie.
Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.
Prière embrasée, «Memento ».
Règles des prêtres missionnaires de la Compagnie de Marie.
Aux associés de la Compagnie de Marie.
La Croix de la Sagesse de Poitiers.
Règle primitive de la Sagesse.
Maximes et leçons de la divine Sagesse.
Lettre aux habitants de Montbernage.
Règlement des quarante-quatre vierges.
Règlement des pénitents blancs.
Le saint Pèlerinage de Notre-Dame de Saumur, fait par les pénitents pour obtenir de Dieu de bons missionnaires.
Contrat d’alliance avec Dieu.
Testament.
La Petite Couronne de la Sainte Vierge.
Prières du soir.
Cantiques.
Cahier de Notes.
Règles de la pauvreté volontaire de la primitive Eglise.
Quatre abrégés de méditations sur la vie religieuse.
Le Livre des Sermons.
Dispositions pour bien mourir.

OUVRAGES LE PLUS SOUVENT CITÉS (avec leurs abréviations)

ALLAIRE
ALLAIRE : Abrégé de la vie et des ouvres de Soeur Marie-Louise de Jésus, Supérieure des Filles de la Sagesse, instituées par M. Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionnaire apostolique. Chez Jean-Félix Faulcon, Poitiers 1768.
ANTONIN THOMAS
FR. ANTONIN THOMAS (anonyme) : Le Rosier mystique de la Très-Sainte Vierge ou le très-sacré Rosaire inventé par saint Dominique Patriarche de l'Ordre des FF. Prêcheurs. Expliqué en quinze Dixaines d'instructions solides et morales, par un Religieux du même Ordre. Avec la méthode pour faire fructueusement la dévotion des Quinze Samedys à l'honneur des quinze sacrés Mystères du Rosaire. Seconde édition revue et corrigée par l'auteur, chez Nicolas Audran, Rennes 1685.
ARGENTAN
LOUIS-FRANÇOIS D' ARGENTAN, Capucin : Conférences théologiques et spirituelles sur les grandeurs de la très-sainte Vierge Marie, Mère de Dieu. Paris 1687.
BERNARDIN DE PARIS
BERNARDIN DE PARIS, Capucin (anonyme) : La communion de Marie, Mère de Dieu, Recevant le Corps de son Fils en l' Eucharistie. Quelles étaient ses dispositions et ses applications intérieures en son usage : quels effets il a produit en Elle, combien les chrétiens doivent en leurs communions reconnaître la Ste Vierge et l'imiter. Traité qui fournit aux prédicateurs d'amples matières et singulières pour composer les Octaves du très Saint-Sacrement, et aux âmes pieuses de nouveaux motifs pour honorer et aimer la très Sainte Vierge et former leurs communions et l'assistance qu'elles rendent au très Saint-Sacrement sur celle qu'Elle lui a rendus. Chez la Veuve de Denis Thierry. Paris 1672.
BÉRULLE, Discours
Cardinal PIERRE DE BÉRULLE : Discours de l'estat et des grandeurs de Jésus par l'union ineffable de la Divinité avec l'Humanité, et de la dépendance et servitude qui luy est duë et à sa Très-Sainte Mère en suitte de cet estat admirable. Oeuvres complètes du cardinal de Bérulle, reproduction phototypique de l'édition princeps de 1644, Maison d'Institution de l'Oratoire, Montsoult 1960; t. 1, p. 160-382.
BÉRULLE, Narré
Narré de ce qui s'est passé sur les élévations suivantes à Jésus et à la Très-Sainte Vierge. Ibidem, t. 1, p. 383-409.
BÉRULLE, Vie de Jésus
Seconde partie des discours de l' estat et des grandeurs de Jésus, en laquelle commence la Vie de Jésus. Ibidem, t. 1, p. 427-525.
BESNARD, Montfort
R. P. BESNARD, s. m. m. : La vie de Messire Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionnaire apostolique. Manuscrit datant de la moitié du 18e siècle, divisé en 9 livres, archives générales des Filles de la 9agesse, Via di Villa Pepoli, Rome.
BESNARD, Marie-Louise
La vie de Soeur Marie-Louise de Jésus, première Supérieure des Filles de la Sagesse, instituées par Mr Louis-Marie Grignion de Montfort. Manuscrit de la moitié du 18e siècle, divisé en II livres, archives générales des Filles de la Sagesse. Via di Villa Pepoli, Rome.
BLAIN
JEAN BAPTISTE BLAIN : Lettre de Monsieur XX à... qui contient l'abrégé de la vie de Louis-Marie Grignion de Montfort, missionnaire apostolique mort en odeur de sainteté en Poitou le 28 avril 1716. Manuscrit de 86 articles, datant d'après 1719, archives générales de la Compagnie de Marie, Viale dei Monfortani 41, Rome.
BOISSIEU
ANTOINE BOISSIEU, s. j. : Le chrétien prédestiné par la dévotion à Marie, Mère de Dieu. Chez Antoine et Horace Molin. Lyon 1686.
BOUDON. Avis
HENRI-MARIE BOUDON : Avis catholiques touchant la véritable dévotion de la Bienheureuse Vierge. Oeuvres complètes de Boudon, éd. Migne. Paris 1857; t. II, col. 325-370.
BOUDON, Esclavage
Dieu Seul ou le saint esclavage de l'admirable Mère de Dieu. Ibidem. t. II, col. 377-586.
BOUDON, Immaculée
La dévotion à l'Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu. Ibidem, t. II, col. 587-754.
BOURGOING
FRANÇOIS BOURGOING, prestre de l'Oratoire : Les vérités et excellences de Jésus-Christ Notre-Seigneur recueillies de ses mystères, cachées en ses états et grandeurs, prêchées par lui sur la terre et communiquées à la Ste Vierge et à ses saints, disposées par méditations pour tous les jours de l'année. 2 vol., Paris 1636.
CARTHAGENA
JOHANNES CARTHAGENA, ord. Min. de observantia : Homiliae catholicae de sacris arcanis Deiparae Mariae et Josephi. Coloniae Agrippinae 1613-1616.
CAVANAC
CAVANAC, o.p. : Les merveilles du sacré Rosaire de la Très Sainte Vierge Mère de Dieu... avec les faveurs de la Vierge envers l'auteur. Paris 1629.
CRASSET
R. P. JEAN-BAPTISTE CRASSET, S. j. : La véritable dévotion envers la Sainte Vierge établie et détendue. Chez François Muguet, Paris 1679.
CROSNIER
Mgr ALEXIS CROSNIER : Un grand semeur évangélique, le Bienheureux Louis-Marie Grignion de Montfort. Première partie : Histoire d 'une vie; deuxième partie : Histoire d'une âme, texte dactylographié, 1927, archives générales de la Compagnie de Marie, Viale dei Monfortani 41, Rome.

DALIN
R. P. DALIN, S. m. m. (anonyme) : Vie du Vénérable Serviteur de Dieu Louis-Marie Grignion de Montfort, Missionnaire apostolique. 2e éd., Imp. D' Adrien Le Clere, Paris 1839.
DERVAUX
J. F. DERVAUX : Folie ou Sagesse...? Marie-Louise Trichet et les premières Filles de la Sagesse de M. de Montfort. AIsatia, Paris 1950.
FRADET
F. FRADET, S. m. m. : Les oeuvres du Bx de Montfort, poète mystique et populaire. Ses Cantiques avec étude critique et notes. G. Beauchesne, Paris 1929.
GRANDET
JOSEPH GRANDET, p. S. S. : La vie de Messire Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionnaire apostolique, composé par un prêtre du Clergé, chez N. Verger, Nantes 1724.
GRENIER
PIERRE GRENIER (anonyme) : Apologie des dévots de la Sainte Vierge ou les sentiments de Théotime sur le libelle intitulé : Les Avis Salutaires de la Bienheureuse Vierge à ses dévots indiscrets ; Sur la lettre Apologétique de son Auteur ; et sur les nouveaux Avis en forme de réflexions ajoutées au libellé. Bruxelles 1675.
JOBERT
LOUIS JOBERT, s. j. (anonyme) : La dévotion du saint esclavage de la Mère de Dieu servant d'un grand secours pour faire son salut. Chez J. Rouzeau-Montaut, Orléans 1757.
LE CROM
LOUIS LE CROM, s. m. m. : Un apôtre marial, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716). Les traditions françaises, Tourcoing (Nord) 1946.
MIECHOVIUS
P. F. ]USTINI MIECHOVIENSIS, poloni, o. p. : Discursus pradicabiles super Litanias Lauretanas Beatissimae Virginis Mariae in duos tomos distributi, Ex typis Fibrenianis, Neapoli 1857.

NEPVEU
FRANÇOIS NEPVEU, s. j. : De l'amour de Jésus-Christ. Nantes 1684.
Exercices intérieurs pour honorer les mystères de Jésus-Christ. 2 vol., Paris 1791.
Pensées et réflexions chrétiennes pour tous les jours de l'année. 4 vol., Paris 1694.
NICQUET
HONORAT NICQUET, s. j. : Le serviteur de la Vierge ou traité de la dévotion envers la glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu. Paris 1658.
OLIER
Lettres spirituelles de M. Olier, ancien Curé de la Paroisse du Faux-Bourg S. Germain à Paris : Instituteur, Fondateur et premier Supérieur du Séminaire de Saint-Sulpice. Chez Jacques Langlois, Paris 1672.
PAUVERT
M. l'abbé PAUVERT: La vie du Vénérable Louis-Marie Grignion de Montfort, Missionnaire Apostolique, Fondateur des Prêtres missionnaires de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse. Henri Oudin, Paris-Poitiers 1875.
PICOT DE CLORIVIERE
R. P. PICOT DE CLORIVIERE : La vie de M. Louis-Marie Grignion de Montfort, Missionnaire Apostolique, Instituteur des Missionnaires du Saint-Esprit et des Filles de la Sagesse. Chez Delalain Jeune, Paris 1785.
POIRÉ
FRANÇOIS POIRÉ, de la Compagnie de Jésus: La triple Couronne de la Bienheureuse Vierge Mère de Dieu, tissue de ses principales Grandeurs d'Excellence, de Pouvoir et de Bonté, et enrichie de diverses inventions pour l'aimer, l'honorer et la servir. Paris 1639, la première édition date de Paris 1630, chez Sébastien Cramoisy; celle-ci de 1639, connue par Montfort et citée dans notre ouvrage, est assez fautive.
Proces Can.
Procès de béatification et de canonisation de saint Louis-Marie de Montfort. Comprend 31 volumes, archives secrètes du Vatican, 1528-1558. Au vol. 1551 est adjoint le fascicule des lettres transcrites par M. FailIon des Archives de Saint-Sulpice.
QUÉRARD
Abbé J.-M. QUÉRARD : Vie du Bx Louis-Marie Grignion de Montfort, missionnaire apostolique du tiers-ordre de saint Dominique, fondateur des Missionnaires de la Compagnie de Marie, de la Congrégation des Filles de la Sagesse et des Frères de la Communauté du Saint-Esprit. 4 tomes, Hyacinthe Caillière, Rennes 1887.
SAINT-JURE
JEAN-BAPTISTE SAINT-JURE, s. j. : De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu Notre-Seigneur Jésus-Christ, Paris 1634.
SPINELLI
PETRUS ANTONIUS SPINELLUS, S. j. : Maria Deipara Thronus Dei. Tarquinij Longhi, Neapoli 1613.
SOMMERVOGEL
SOMMERVOGEL : Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, et Suppléments ; 12 vol., Paris 1890-1900.
AAS
Acta Apostolicae Sedis. Typographia Vaticana 1908-1965.
ASS
Acta Sanctae Sedis. Romre 1865-1908.
PL
Patrologie latine, éditions Migne.
PG
Patrologie grecque, éditions Migne.
CC
Corpus christianorum, éditions Brepols.